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« Le but final de toute activité plastique est la construction ! (…) Architectes, sculpteurs, peintres, nous devons tous revenir au travail artisanal, parce qu’il n’y a pas d’‘art professionnel’”. Il n’existe aucune différence essentielle entre l’artiste et l’artisan. (…) Nous voulons, concevons et créons ensemble la nouvelle construction de l’avenir, qui embrassera tout en une seule forme : architecture, art plastique et peinture. »
La tirade est signée de l’Allemand Walter Gropius, architecte, designer et père fondateur du mouvement Bauhaus, né en 1919 à Weimar. Extraites du Manifeste du Bauhaus, ces quelques phrases résument bien sa philosophie, qui ambitionnait de replacer l’artisanat au centre du propos artistique.
Reconnaissable à ses lignes sobres et géométriques, une utilisation des couleurs primaires et un travail important sur les volumes, le style Bauhaus s’invite aussi dans la bijouterie. La jeune allemande Marianne Brandt est la première femme à faire son entrée dans l’atelier du métal du Bauhaus, au début des années 1920. Apprentie orfèvre, elle imagine des bijoux épurés en argent ou en métal, aux formes sphériques, cylindriques ou cubiques. Parmi eux, une paire de boucles d’oreilles en demi-cercle d’une folle modernité.
Dans l’histoire de la bijouterie, la boucle d’oreille minimaliste n’est pourtant pas la plus populaire. Si l’on a retrouvé sur des fresques datant du Nouvel Empire égyptien (1559-1085 av. J.-C.) des portraits de musiciens et de danseurs aux lobes décorés de disques dorés, la tendance a plus souvent été à l’opulence qu’à la sobriété. D’autant plus que la boucle d’oreille était considérée comme un signe de distinction permettant de briller en société. Et puis les temps ont changé, et le minimalisme s’est de nouveau imposé comme le symbole d’une certaine sophistication.
Adepte du less is more, la Britannique Phoebe Philo s’amusera ainsi, lors de son passage chez Celine, de 2008 à 2018, à imaginer une sorte de créole pleine aux courbes parfaites. Plus récemment, c’est l’un de ses anciens collaborateurs, le Franco-Belge Matthieu Blazy, qui propose chez Bottega Veneta des pendants ultrasobres, en or ou argent. Aujourd’hui, le retour en vogue de ces modèles pointe aussi, et surtout, une certaine envie de laisser de côté tout ce qui pourrait nous encombrer. « Plus les bijoux sont discrets, plus ils sont efficaces », disait à ce propos la couturière Madeleine Vionnet au début du XXe siècle.
Margaux Krehl
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